samedi 10 août 2013

Point d'avancement des préparatifs

J'avais fait ma première check-list il y a presque un mois, il est temps de faire le point !

Ce qui est fait : 
- J'ai acheté mes billets et récupéré mon passeport
- J'ai reçu mon permis de conduire international
- J'ai ouvert mon nouveau compte dans une nouvelle banque
- Je n'ai clôturé aucun abonnement, ils se clôtureront tout seuls pendant l'été
- J'ai vu tous les médecins à voir
- J'ai fait mon rappel pour l'hépatite
- Je suis allée à la médecine du voyage pour rien car j'ai refusé qu'on me vaccine sur place, j'ai juste eu les infos que je voulais sur le paludisme
- J'ai des nouvelles lunettes avec lesquelles je ne me reconnais pas, c'est atroce
- J'ai commencé mes tris, rangements, organisations administratives
- J'ai acheté tous les médocs et protections nécessaires (moustiques, soleil etc.)
- J'ai aussi acheté un petit livre de conversation hindi, ourdou et bengali... J'espère que ça va servir ! 



Des bonnes choses de faites 
- J'ai enfin acheté mon sac à dos de voyage ! Merci pour tous vos conseils, finalement je me suis décidée sur un modèle très bon, dont je parlerai dans un prochain post. 
- J'ai récupéré un sac de couchage que m'a gentiment passé Aldona, merci beaucoup à toi !


Ce qui reste à faire :
- Je dois faire ma demande de changement de situation à la CPAM (je vous parlais de mes malheurs ici)
- Choisir une assurance voyage
- Je ferai ma demande de visa fin août, pour qu'il soit valide le plus longtemps possible
- Je n'ai toujours pas fait le vaccin contre la rage et j'hésite vraiment à faire celui contre l'encéphalite japonaise
- Faire la Check-list n°2 des affaires à emporter

Maintenant, il faut finir tout ça, et passer à la deuxième check-list... et le plus important : commencer à préparer mon itinéraire, réserver un hôtel à l'arrivée, m'organiser un peu quoi ! Et puis il faut que je vous raconte un peu plus de choses, parce que je pars en voyage, c'est super, mais je vais aussi faire un peu d'humanitaire dans plusieurs assos à travers l'Inde !


Source image 1, image 2
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jeudi 15 novembre 2012

Bilan deux mois en Inde !

Voilà deux mois que je me réveille tous les jours en me disant « c’est formidable, je suis en Inde, que va-t-il m’arriver aujourd’hui ? » Tout est si imprévisible, fascinant, nouveau, étonnant, étrange, incompréhensible, différent ! Depuis mon bilan du mois dernier, j’ai mis mes pieds dans le Gange et compris l’importance spirituelle de ce fleuve qu’on appelle ici « Mother Ganga ». J’ai retrouvé mon amoureux, fait un safari dans le désert du Thar à dos de chameau et dormi à la belle étoile avec les renards qui rodaient dans les dunes, visité des forts dignes du Seigneur des Anneaux, touché le Taj Mahal, porté un sari, négocié pendant des heures pour toutes sortes de choses. Je me suis retrouvée dans une jeep avec 21 autres personnes, en panne d’essence, sans personne qui ne parle un mot d’anglais. Je me suis payé un massage ayurvédique, j’ai vu une chèvre avec une veste et un buffle avec un collier de perles, été prise en photos 300 fois par de parfaits inconnus, j’ai sillonné le Rajasthan jusqu’à ne plus en pouvoir, et j’ai mangé, mangé, mangé. Tout est tellement bon si vous saviez ! Ce que je préfère, c’est la nourriture de rue. Une seule règle : mangez là où sont les femmes et vous ne serez pas malades ! J’applique cette méthode depuis deux mois, et ça marche ! 


Je suis actuellement à Varanasi ( = Bénarès), la ville sainte par excellence. En mourant là, les hindous sont certains de sortir du cycle de réincarnation et d’atteindre enfin l’Eveil : beaucoup de gens font donc des pèlerinages pour venir mourir ici, où il existe des mouroirs destinés à cet effet. La mort côtoie la vie quotidienne, on peut voir les bûchers funéraires sur les marches qui mènent au Gange au milieu d’une promenade. Je n’y suis pas encore allée car je ne m’y sens pas prête : la mort chez nous est un tel tabou que voir des corps enveloppés dans des linceuls et plongés dans le Gange ou en train de brûler sur un bûcher pourrait m’être violent. Partout on peut voir des gens aux crânes rasés : des fils ainés qui sont venus remplir les rites funéraires de leurs parents ; des femmes qui ont donné leurs cheveux en offrande au Gange au terme de leur pèlerinage à Varanasi. En ce moment, c’est Diwali, la fête des Lumières, sorte de noël indien. Les pétards claquent à tous les coins de rue, les feux d’artifice illuminent le ciel, envoyé depuis les toits-terrasse des maisons. On ne s’embarrasse pas de sécurité ici, et chaque année on compte plusieurs morts et blessés graves.

Je suis à Varanasi pour quelques semaines, afin d’aider un peu Emi dans son association Zindagi. Elle a créé une école pour les enfants d’un bidonville de Varanasi. La scolarisation des enfants, ainsi qu’un petit déjeuner quotidien sont financées par les ventes d’une boutique de bijoux qu’Emi a également créée : elle fait elle-même de ravissants bijoux.

En ce moment, c’est les vacances, mais dès lundi, j’attaque à l’école ! Je prends conscience tous les jours de la chance infinie que nous avons, les femmes en France, d’être libres. Nous pouvons faire les études que nous voulons, décider ou non de nous marier, être indépendantes, louer un appartement seules… Ici, la condition des femmes est telle que j’en ai parfois des haut-le-cœur. J’essaye de comprendre, mais c’est si différent de notre conception de la vie que c’est difficile. Je lis en ce moment le très bon livre d’Elisabeth Bumiller, May you the Mother of a hundred sons, qui m’éclaire un peu. Dans quelques mois, je comprendrai peut-être mieux…

Une chose est sûre, même si la salade verte et le fromage de chèvre me manquent (ainsi que famille, amis et amoureux), je ne voudrais pas être ailleurs qu'ici... Tout est si enrichissant, je me sens grandir !


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samedi 13 octobre 2012

Bilan après un mois en Inde



Me voilà en Inde depuis un mois ! C’est fou, j’ai l’impression que cela fait une vie entière que je suis partie ! Quand je pense à ma vie française, je la sens proche et terriblement loin à la fois. Je ne sais déjà plus quel goût ont la salade, le chèvre et le jambon, je sais juste que ça me manque. Je commence à me perdre dans les jours de la semaine et dans les dates. Mes repères ont été balayés au moment où j’ai posé le pied à Delhi le 16 septembre. Tout est différent, à réinventer en permanence. Chaque pas est une aventure, une découverte, une rencontre. La vie ici va à mille à l’heure et pourtant tout est d’une lenteur effroyables pour nous, français pressés. Les indiens vivent dans une langueur qui nous ferait sortir de nos gonds à Paris, ferait surgir des pulsions meurtrières (encore plus que celles qu’on peut avoir à la Poste parfois ou dans le métro). Alors je m’adapte, je prends le pli indien, la démarche, la façon de m’adresser à chacun. Malheureusement je ne baragouine que quelques mots d’hindi mais déjà lorsque je négocie mon kilo de bananes à un prix local en hindi, je sens un peu plus de respect. La négociation, parlons-en. Tout n’est que marchandage : c’est le sport national. Si on ne marchande pas, les vendeurs ne sont pas contents. Parfois je me demande s’ils ne font pas exprès de demander un prix exorbitant parce qu’ils espèrent jouer un peu à la marchande. J’en suis sûre même, car ils ont souvent ce sourire enfantin en coin, et lorsqu’on rit de l’énormité qu’ils viennent de sortir, ils sont hilares et commencent à être sympathiques. Sacrés indiens. Il arrive d’avoir affaire à des gens absolument exécrables, ou encore des fainéants qui n’ont pas envie de travailler et refusent que vous montiez dans leur rickshaw. Il n’est pas rare de voir un employé de bureau ronflant les pieds sur la table, dormir parce qu’il était fatigué. Etrangement, je n’imagine pas mon banquier faire ça, surtout si on le voit de la rue. Ici les gens suivent le rythme de leur corps, et dorment dès qu’ils sont fatigués : on peut voir des femmes faire la sieste sur le trottoir (quand trottoir il y a). Vous imaginez votre mère faire ça ? J’ai découvert également, contre toute attente, que les indiens mangent environ toutes les deux heures et se font franchement plaisir ! Tout est excuse à manger ou boire de bonnes choses : après avoir psalmodié des chants religieux dans leur temple, les femmes mangent des sweets (délicieuses patisseries faites de beurre, sucre et d’autres choses que j’ignore) et de la poudre de noix de coco sucrée absolument divine. Rien à voir avec nos hosties sans goût ! On boit du chai à tous les coins de rue, on mange parfois des snacks à n’importe quelle heure, et ce n’est pas une pomme comme par chez nous mais plutôt un bon samossa bien chaud ou des petits piments frais (pour ma part, j’évite).
En un mois, je suis allée à 9 endroits différents, mais je n’ai pas couru comme on pourrait se l’imaginer, j’ai dédié le temps nécessaire à chaque lieu. Et puis je l’ai dit, ici le temps est complètement distendu, les distances parcourues sont inimaginables (six heures de train pour faire 250 km). J’ai passé les deux premières semaines seule : Delhi / Jaipur / Amber / Bundi / Chittorgarth. Dans chacun de ces endroits, j’ai rencontré d’autres voyageurs ainsi que des locaux. C’était vraiment chouette. Puis j’ai retrouvé Laure (qui a déjà passé 6 mois en Inde l’an dernier et qui est revenue parce qu’elle avait eu un goût de trop peu) à Udaipur et ensemble nous sommes allées à Ahmedabad, Anand, et nous voilà à Diu.
Il m’est arrivé pas mal d’aventures, entre un singe qui a voulu m’attaquer, un buffle qui m’a chargée à cause de mon pantalon rouge, 45 km en vélo à travers la campagne Rajasthani, une baignade dans des grandes chutes d’eau avec 30 indiens qui me regardaient, des familles qui m’ont nourrie à ne plus en pouvoir, parfois en me mettant la nourriture directement dans la bouche. J’ai gravi une colline et escaladé un fort, fait de la peinture miniature sur soie, appris une vingtaine de recettes de cuisine typique, me suis enfuie d’un barbecue alcoolisé avec des tibétains, d’une soirée enfumée où les lassis étaient mélangés à du hachisch, j’ai déjà passé des dizaines d’heures dans les transports (et n’en suis qu’au début), eu des discussions passionnantes avec un jeune homme qui sillonne le monde depuis 10 ans, j’ai fait faire des habits par un tailleur qui ne parlait pas un mot d’anglais, répondu au moins mille fois aux horribles questions « vitch contrly, yur naime ? », j’ai été coiffée par des mamans indiennes, porté des bébés qu’on m’a mis dans les bras, été invitée à manger chez de parfaits inconnus (pas de panique, je n’y suis pas allée ! Mais les mamans indiennes ici n’attendent qu’une chose : vous nourrir ! De vraies mères juives !), j’ai dit un nombre incalculable de fois que j’étais mariée pour qu’on me fiche la paix, et encore tellement d’autres choses ! Pourtant, pas une minute je ne me sens en vacances, bien au contraire ! Ici mes sens sont tout le temps en éveil, je n’ai pas une minute de repos. J’apprends, encore et toujours, sur ce peuple aux traditions passionnantes, et puis sur moi-même aussi. J’avais senti que ce voyage serait mon voyage initiatique, et bien je peux affirmer après un mois ici que c’est le cas !
Je n’arrive pas à écrire régulièrement ici, j’en suis désolée mais les connexions sont assez compliquées et je ne trimbale pas mon ordinateur partout, au contraire je préfère vivre chaque moment ; par contre j’essaye de tout consigner dans mon journal pour un jour retrouver mes émotions et sentiments authentiques presque captés sur le vif. Les débuts ont été difficiles mais j’ai peu à peu trouvé mes marques, compris certains fonctionnements, développé une ouïe sélective, fait de belles rencontres même furtives, qui m’ont ôté l’envie que j’avais de rentrer pour aller plus loin, continuer la route, continuer le voyage !

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jeudi 4 octobre 2012

une histoire indienne

Il était une fois une jeune fille de la caste des Brahmanes (la plus érudite, la plus stricte) née et élevée dans un village du Rajasthan. A 19 ans, elle fut mariée à un homme qu’elle ne connaissait point : elle fut marchandée et vendue par sa famille. Elle alla s’installer dans la famille de son époux directement après les noces, dans la grande ville d’Udaipur. Elle ne parlait qu’un dialecte du Rajasthan et dut apprendre l’hindi au plus vite, au risque de ne jamais avoir aucun échange avec quiconque, dans sa nouvelle famille et ailleurs. De cette union naquirent  deux fils, qui furent élevés dans la famille élargie, auprès de leurs grand- parents, leurs oncles et tantes, leurs cousins, comme toute famille indienne respectueuse de la tradition. Moins de 10 ans après son mariage, le mari mourut. Elle dut observer le rituel du deuil à la lettre, restant 45 jours enfermée chez elle, noyée sous un flot de tissus, dans un petit coin, pleurant la mort de son maître. La vie de la veuve commença à être un enfer. Sa belle-famille montra son vrai visage : elle était ignorée par tous, reniée, elle était devenue transparente, inexistante. Seuls ses fils furent considérés par les leurs. Contrairement à elle, ses fils leur étaient reliés par le sang.
Cette pauvre âme maltraitée ne pouvait retournée dans son village, ni ne pouvait espérer se construire une vie ailleurs : là était sa place, jusqu’à sa mort. Si elle ne l’était pas déjà du vivant de son mari, elle devint prisonnière de cette belle-famille haïssante. On commença à lui demander  de payer pour ses consommations d’eau, d’électricité, de nourriture. On lui faisait payer que son mari fut mort et elle vivante. Elle était pauvre, sans ressources financières ni humaines. Elle vivait dans deux pièces jusqu’à ce qu’elle dût en rendre une faute de moyens : on lui prit sa cuisine pour ouvrir un restaurant. Deux ans elle vécut sans électricité car elle ne pouvait payer les montants qu’on lui demandait. Pour ne pas laisser ses enfants mourir de faim, elle réussit à gagner quelques roupies par jour en lavant les vêtements des touristes, dans le plus grand secret de tous : les Brahmanes n’ont pas le droit d’exercer un métier si déshonorant. Chacun prenait une part de son gagne-pain : le bakchich est roi en Inde. Sa précarité était telle qu’elle ne put bientôt plus honorer les frais de scolarité de ses enfants, qui étaient désespérés de ne plus pouvoir aller à l’école. Alors, enfin, elle demanda de l’aide à sa sœur qui lui donna de l’argent, permettant ainsi de ne pas envoyer ses enfants de 10 et 8 ans gagner leur croûte tous les jours dans les rues.
Un jour, un irlandais vint passer quelques jours à Udaipur, ville encore très peu touristique. Il venait souvent diner au restaurant de la belle-famille et alors se prit d’amitié pour cette femme harassée, durcie, seule au monde. Leur amitié ne put passer par les mots mais par un langage plus universel. Elle lui fit à manger, et il trouva cela si bon qu’il souffla l’idée qu’elle ouvrit un cours de cuisine pour les étrangers. Elle ne parlait pas un mot d’anglais, elle tenait tout ce qu’elle savait de sa mère mais n’avait jamais rien enseigné, ni transmis. L’idée fit son chemin, une liste de recettes commença à se dresser. Son premier cours arriva, elle tremblait, mais tous furent bienveillants avec elle, l’aidèrent à apprendre chaque mots, et peu à peu, à travers les cours, elle apprit à parler anglais mais également d’autres langues. Des australiens lui écrivirent ses recettes en anglais, et d’autres étrangers se relayèrent pour lui envoyer, peu à peu, des traductions des recettes dans d’autres langues. Quelqu’un lui fit son site internet une fois rentré de ses vacances. On l’aidait volontiers, tant elle avait su toucher chacun avec sa nourriture délicieuse et son charme de maman poule. Cette femme intelligente au regard vif parvint à s’extraire de la misère en apprenant tout ce qu’une mère indienne doit naturellement apprendre à sa fille : la cuisine. Aujourd’hui, j’ai passé 5h avec Shashi à sentir, goûter, malaxer, couper, frire, déguster, mixer, mélanger, apprendre. Comme j’aurais pu faire avec ma propre mère, et c’était un moment merveilleux. 
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lundi 1 octobre 2012

Bundi #2


 Comme je prends du retard ! Il faut vite que je me rattrape pour être à peu près à jour ! Me voilà à Udaipur, mais j’en étais restée au récit de Bundi. Quelle ravissante ville ! De nombreuses maisons sont peintes en bleu, avec des toits terrasse qui les font ressembler à des maisons du désert, toutes imbriquées les unes sur les autres. Bundi est dans une vallée surplombée par un palais majestueux et un fort impressionnant qui ceint les collines environnantes de murs de briques rouges. Dès mon arrivée, j’ai donc rencontré lors du petit déjeuner deux italiennes sympathiques et un peu déjantées avec qui j’ai passé les trois jours suivants. Le premier jour, nous sommes allées voir des chutes d’eau, immenses pour moi qui n’en avais jamais vu. Nous nous sommes baignées, entourées de dizaines de paires d’yeux qui semblaient n’avoir jamais vu de femmes, encore moins blanches, encore moins seules, et encore moins en train de s’ébattre dans l’eau. C’était bien agréable de se rafraîchir après une heure en rickshaw sur une route cahoteuse, bosselée et poussiéreuse. Notre chauffeur, un petit jeune de vingt ans qui semblait toujours à moitié stone, nous a emmenées dans la maison de ses parents, sur le chemin du retour. Une « vraie » maison de famille indienne de campagne, j’étais aux anges. Ils nous ont offert du chai, et nous ont fait déguster du maïs grillé avec du citron, du sel et du curry. Quel délice ! Je ne pouvais cependant m’empêcher d’être mal à l’aise : me dire que cette femme si jeune tenant à bout de bras un gros bébé avait été mariée « de force » à ce jeune homme qui semblait tellement jeune pour être responsable de quoi que ce soit, ça m’a retournée le ventre… mais c’est son regard qui m’a surtout bouleversée. Un regard vide, froid, désabusé, mort. Par quoi était-elle passée, quel était son quotidien pour qu’à son âge (elle doit avoir le mien) elle ait perdu toute étincelle de vie, semble tellement vidée ? J’aime être invitée dans les familles, c’est chouette mais en même temps je touche à chaque fois à la réalité de ces traditions si anciennes qui sont toujours si dévastatrices pour l’être humain, me semble-t-il.

Le lendemain, nous avons tenté une nouvelle expérience : se faire faire des pantalons. Quelle énergie et quel temps passé à cela ! Je dois dire qu’aller chez Zara ou H&M ne me semblera plus jamais être une épreuve ! C’était épuisant mais en même temps, j’ai adoré : choisir le tissus, puis aller dans les petites échoppes spécialisées qui vendent des rubans, des boutons, des perles… et enfin, trouver un tailleur qui nous fasse ce qu’on voulait pour le lendemain… tout ça pour 70 roupies par pantalon, soit 1€ ! Nous n’y croyions guère, mais le lendemain, nous avons trouvé les 7 pantalons parfaitement bien faits, plutôt pas mal finis. Un seul nous a laissées sceptiques : il était destiné à un homme de 1m85 mais je tailleur a du voir un peu trop grand…

Je suis restée deux jours de plus à Bundi, mais je vous raconterai ça demain !
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samedi 29 septembre 2012

Bundi, une ville où il fait mieux vivre


J’ai quitté Jaipur dimanche. Le voyage en bus  a duré 6h, six heures en pleine campagne Rajasthani, c’était très beau. Les paysages sont magnifiques, verdoyants après la période de mousson. Parfois on aperçoit des tâches de couleurs très vives qui se détachent de la palette de vert : ce sont les saris des femmes qui travaillent dans les champs et sur les bords de routes. Je pense que la campagne indienne n’a rien à voir avec les villes, la vie y est bien plus calme mais aussi plus rude : une famille gagne en moyenne moins d’un euro par jour : la vie s’apparente pour certains à la survie et à un labeur épuisant. Après des kilomètres de verdure, parfois un hameau semble être sorti de terre la veille, comme des champignons qui poussent pendant la nuit. Faites de bric et de broc, les maisons sont mélangées aux étables, on ne sait plus trop à qui appartient l’espace. Bêtes et gens vivent ensemble, dorment ensemble, et n’ont sans doute jamais rien connu d’autre. J’ai envie de voir cette campagne de plus près. Lorsque nous sommes passés près de villages qui semblaient plus construits, j’ai été très émue de retrouver des lieux décrits dans certains romans indiens que j’ai lus : des toits de paille, des murs consolidés avec de la bouse de vache séchée, des charpoys (lits tressés) hors des maisons, avec des hommes trainant dessus et les femmes s’activant autour. On ne m’a pas menti, c’est vraiment ainsi que cela se passe dans ces campagnes. J’avais l’impression d’être deux cents ans en arrière dans la campagne française.
A peine sortie du bus à Bundi, j’ai senti que cet endroit serait le théâtre de bons moments, de calme, de repos, de découvertes. J’ai rejoint ma petite Guest-House familiale conseillée par Delphine. La ville semblait m’accueillir en fanfare : il y avait une célébration dans les rues, avec de la musique, un cortège, toutes ces femmes vêtues de saris aux couleurs chamarrées, c’était enivrant. C’était la fête, tout le monde me souriait, les enfants me faisaient coucou, un homme m’a donné de la poudre de noix de coco (comme on m’aurait donné une hostie) alors que j’étais coincée dans mon Rickshaw avec tous mes sacs. On a voulu m’inclure, et ça m’a touchée. Arrivée à la GH, j’ai rencontré cette charmante famille  très accueillante, tenue par deux frères dont l’un est marié et père, l’autre célibataire, et leurs parents. Il y a également des domestiques (je me demande s’ils sont des intouchables). Je me suis installée dans une chambrette au RDC (premier prix, que voulez-vous, pour avoir la vue sur le lac de Bundi, il faut un budget plus large que le mien !) J’ai pu me reposer, dîner tôt d’un très bon mix vegetables sur leur toit terrasse et j’ai bu un lassi à la rose divin, avec de vrais pétales écrasés, pas de ce sirop qu’on nous sert en France. Sur la terrasse, deux grosses tortues se promènent nonchalamment, se heurtant parfois quelque part. J’ai passé une première nuit atroce (j’ai compris pourquoi depuis : ça fait une semaine que je ne dors pas, parce que je dors avec le ventilateur allumé et la fenêtre fermée…) et au petit déj, j’ai rencontré deux italiennes de 25 ans qui passaient deux mois en Inde : ni une ni deux nous avons décidé de passer notre journée ensemble. Nous allions aller aux Chutes d’eau, à 40 km de là, en rickshaw, et finalement nous ne nous sommes pas quittées jusqu’à leur départ, deux jours plus tard. Encore une fois, j’ai partagé un petit bout de vie avec des gens. Si c’est ça le voyage, je pense que je vais passer des mois de vagabondage incroyables. Je vous raconterai demain tout ce que nous avons fait : ça n’a pas arrêté !
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vendredi 28 septembre 2012

La ville rose version indienne


Jaipur est une ville qui semble ne jamais s’arrêter. Les charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux trottant de peur côtoient des rickshaws furieux, des chameaux à la démarche nonchalante, des motos pressées, des vélos inconscients du danger. Partout règne un chaos qui semble ne déranger personne ; comme partout ailleurs en Inde mais ici le chaos est épuisant, tout est en mouvement perpétuel, avec des travaux d’amélioration de la ville un peu partout, ce qui rajoute à la confusion générale. C’est à Jaipur que j’ai eu mon premier sentiment « positif » depuis mon arrivée. Jusque-là, d’une part je n’avais absolument pas conscience d’être en Inde, mais surtout je n’avais qu’une hâte : rentrer en France au plus vite et oublier toute cette histoire. Je ne cessais de fomenter des plans de retour. Mais à Jaipur, j’ai réalisé la chance que j’ai, et l’incroyable expérience j’étais en train de vivre. Pour le premier jour des visites, j’étais donc avec ces deux voyageuses et nous avions embauché un rickshaw pour la journée : pour 13 euros il nous a baladées, fait visiter, nous a attendu lors de nos achats et notre déjeuner, bref, tout nous a été plus facile. Nous avons commencé par le Monkey Temple : nous avons vu plus de badauds que de singes c’était amusant. Des femmes se lavaient dans le point d’eau, d’autres lavaient des habits, d’autres pêchaient et d’autres encore faisaient des offrandes fleuries. Il régnait là une joie et une légèreté bien appréciable. Nous n’avons pas cessé un instant d’être sollicitées pour des photos ! Je suis contente d’avoir été avec ces deux filles dynamiques et au sourire faciles : j’ai pu calquer mon attitude sur la leur et ainsi sortir de ma timidité qui m’étouffe souvent. Depuis quelques jours, même seule dans la rue, je dis bonjour dès qu’on me regarde, je fais des signes aux enfants, je vais vers les gens, je les écoute et leur raconte. Ce n’est rien et c’est à la fois l’essentiel, et pour moi c’est souvent dur de sortir de ma carapace. Ici, tout va à mille à l’heure, et même mon comportement s’améliore très rapidement. Quel bonheur !
Puis nous avons mangé un excellent Thali dans un bouge au bord de la route. Ensuite, nous sommes allées au fort d’Amber, magnifique citadelle multiséculaire qui domine la vallée, entourée de jardins et de points d’eau travaillés et entretenus avec soin.
Enfin, alors qu’on pensait rentrer, le chauffeur nous a emmenées au centre de la vieille ville de Jaipur,  The Pink City. Les bâtiments rose brique plein d’ornements se sont succédés à une vitesse folle, tout était rose, et je me suis crue dans Indian Palace (bien entendu, dans le film, les rues ont soigneusement été balayées des ordures et des gens gênants), jusqu’à ce qu’on atteigne le Palais des Vents, cet incroyable édifice très haut qui ne fait qu’un mètre de large et qui servait aux femmes du Palais d’observer la vie de la rue sans être vues : il y a encore 15 jours, je lisais « La ville d’or et d’argent », qui se passe à Lucknow mais évoque ces scènes de vie féminine dans les palais de rois. C’est là que j’ai eu un pincement au cœur : j’y étais. Le Palais des Vents n’est pas une merveille dont on m’a parlé mais est bien réel, devant moi. Quelle émotion ! 
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mercredi 26 septembre 2012

Le couchsurfing version India : une drôle d'expérience


J’attendais le Couchsurfing avec envie et appréhension : être seule dans une famille me faisait peur mais j’avais entendu tant de belles expériences que moi aussi je souhaitais essayer ! J’ai été assez déçue car finalement il n’y aurait que le mari présent, tout le reste de la famille était ailleurs. J’ai immédiatement pensé à mon plan B (appeler des amis d’amis et me faire recommander une guest-house), mais l’hôte m’a vite rassurée : il y avait un couple (une Argentine et un Allemand qui voyageaient depuis 3 mois en moto depuis l’Europe pour arriver en Inde, dingue !), et nous attendions une Ukrainienne, une Sud-Africaine, une Américaine, et le lendemain deux Chinoises. Une véritable auberge espagnole ! Je n’ai pas tardé à les rencontrer tous, très sympa, amicaux, ouverts (sauf l’Ukrainienne qui était venue 4 fois dans cette famille mais était assez renfrognée). J’ai finalement passé mes deux jours à Jaipur avec Talita et Takyah, de Boston et de Cap Town. Je ne savais pas que j’avais cette capacité à me lier avec des inconnus aussi vite, passer de si bons moments, partager énormément de choses et leur dire adieu 48h plus tard. J’ai trouvé ça chouette ! Cette première expérience de CS m’a donc permis d’en savoir un peu plus sur mes qualités relationnelles (moi qui me targue d’être une sauvage invétérée, finalement…), mais aussi de passer de très bons moments. Demain je vous parlerai de Jaipur. Avant cela, il faut que je vous raconte l’étrange expérience que j’ai vécue pendant ces trois jours.
Sonny, l’hôte qui nous recevait, ressemble trait pour trait à un Rapetout, mais avec le grand sourire et la parole facile. Il nous a promis de nous emmener partout, de nous faire visiter telle ou telle chose, de nous apprendre telle recette… Il avait l’air si enjoué et plein de vie, que ça m’a fait vraiment plaisir de partager quelques jours du quotidien de cet homme qui se targue d’avoir reçu 250 personnes en 3 ans chez lui, et d’avoir sa maison pleine d’étrangers en permanence. Mais au fil des heures, des jours, sa jovialité (feinte ?) a laissé place à un caractère calculateur, peu amical, intéressé et surtout il a révélé sa personnalité de beau parleur. Il n’a pas arrêté de se soustraire à tout ce que nous avions prévu de faire (nous faisant perdre tant d’heures précieuses, juste parce que nous l’attendions !), chaque fois une nouvelle excuse apparaissait : il devait voir un cousin, il devait faire des courses, il devait attendre sa femme... il se plaçait comme victime de choses qu’il ne maitrisait pas plutôt que de nous dire qu’il n’avait pas envie ! Et son humeur changeait en permanence, un coup il était gentil, un autre odieux, renfermé, désagréable. Comme il nous recevait tous gratuitement, nous faisions des courses communes pour que nous ne lui coûtions rien. Le dernier jour, sa femme est rentrée avec son fils. Nous avions demandé si nous devions prévenir à l’avance de l’heure à laquelle nous rentrerions (ce qui est normal !) et ils nous avaient dit « No problem », ce qui est la réponse fétiche (unique ?) des indiens. Insouciantes, nous avons passé notre journée dans les marchés de Jaipur, et à 17h il nous a appelées, très ennuyé, nous sommant de rentrer au plus vite car il devait cuisiner pour que sa femme puisse manger avant le coucher du soleil. Nous avions les épinards pour faire le Palak Paneer, mais nous avions au moins 40 minutes de Rickshaw pour rentrer, et au bout de sa rue il y avait un marché de légumes. Nous avons donc amputé notre fin de journée pour rentrer, nous disant que nous pourrions au moins profiter de sa petite leçon de cuisine et manger avec sa femme. Finalement, lorsque nous sommes arrivées, il a fait très vite à manger (trop vite : je pense qu’il n’a pas lavé les épinards qui étaient sableux : c’était immangeable) : il a fait deux assiettes et est parti s’enfermer dans sa chambre pour manger sur son lit avec sa femme, sans rien nous dire. Etrange non ?
Nous nous sommes rendues compte avec effarement que cet homme reçoit certainement parce qu’ainsi, tous les jours, il n’a pas à débourser une roupie de nourriture. C’est atroce de penser ainsi, mais nous en avons parlé entre nous et certaines de ses attitudes le trahissaient. Sa maison était d’un sale comme j’ai rarement vu : tout était poussiéreux, collant, chaque tissus était immonde de crasse, il régnait une odeur de nourriture rance dans toute la maison. Comment ose-t-on recevoir dans ces conditions ? Je sais qu’il s’agit de l’Inde, mais ces gens semblent faire partie de la bonne Middle Class indienne, avec deux voitures et une moto, une très grande maison mais qui s’avère en réalité à moitié habitable car il y a des gravats dans des endroits improbables des étages. Je ne comprends pas comment ils peuvent rester avec des toilettes qui sentent horriblement fort, une salle de douche crasseuse même jusque sur les murs. Lorsque j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de table ni de chaises et que nous allions manger par terre, j’ai eu un petit coup au cœur, mais surtout lorsque nous avons cuisiné à même le sol, dans des assiettes d’une propreté douteuse, je me suis demandé si mes boyaux allaient se tordre toute la nuit…
Drôle d’expérience, que je retenterai peut-être mais je vais m’en tenir aux guest-houses pour le moment !

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